Défendre le Val de Lantosque

 

Défendre le Val de Lantosque

depuis l’An Mil jusqu’à la Révolution

Éric GILI[1]

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Le « Menhir » de Saint-Sauveur

entre les communes de La Bollène Vésubie et de Belvédère (AMONT)

La problématique générale du programme de recherche propose de caractériser un territoire, le Val de Lantosque médiéval et moderne, comme « base d’étude … aux dimensions stables, autorisant l’observation sur une assez longue durée »[2].

Les communes concernées sont celles de Levens, Duranus, Lucéram, Moulinet, Utelle, Lantosque, La Bollène, Belvédère, Roquebillière, Venanson, Saint-Martin, Valdeblore, Marie, Clans et La Tour, véritable « zone laboratoire »[3]. Un territoire considéré durant une durée originale, courant du XIe au XVIIIe siècle, dans un objectif de prospection inventaire. L’objectif est d’y identifier les différentes « configurations… pour restituer la consistance et le processus de formation de son armature » défensives, « visant à dévoiler une logique de réseau » dans une « perspective spatiale » et de « mise en profondeur diachronique » comme l’énonçait Benoît Cursente.

Le postulat de départ est celui proposé par Jean-Paul Boyer (1983)[4] et repris par Marc Bouiron (2008)[5], d’un territoire de « Terre de Marche ». Cette notion opératoire me semble appeler à définition, dont la nature évolutive demandera a être précisée tout au long de la période considérée. Le simple fait de le « défendre » lui donne une existence. De fait, celui-ci possède toutes les caractéristiques d’un espace de conflits récurrents, projeté à la fois dans une profondeur géographique et historique.

La période considérée est donc un temps long, du XIe à la fin du XVIIIe siècle, étudiée à travers le prisme de la défense d’une aire géographique particulière, entre Provence, Piémont, Ligurie, montagne et mer.

Loin d’une défense linéaire, le Val de Lantosque peut permettre de définir cette notion de « Marche » habituellement attribuée aux territoires médiévaux, considéré cette fois sur une longue durée transgressant largement les cadres habituels du Moyen Age.

De fait, il me semble que les débuts de l’époque Moderne ne dérogent en rien aux principes défensifs, préférant installer des points de fixation épars pour tenter d’interdire l’avancée ennemie. Dans un même temps, la mise en place des forteresses sur la Côte, estimée plus exposée et accessible, surtout stratégiquement et économiquement plus précieuse, introduit une évolution certaine dans la conception de la défense locale. Elle renforce des points forts, moins nombreux, mais possédant une fonction économique et sociale supérieure à celles des périodes précédentes. Pourtant, au XVIIIe siècle, avec les progrès de la poliorcétique, la disparition de la citadelle de Nice et les coûts exorbitants des fortifications, les choix militaires de l’État savoyard reviennent sur la notion de défense territoriale. Certes, la fonction défensive est aussi un prétexte au renforcement de la fiscalité étatique, mais les limites en sont alors atteintes. L’invasion révolutionnaire n’y déroge pas en matière défensive. La profondeur territoriale joue son rôle face à l’avancée des troupes françaises durant près de 8 ans... Par extrapolation, la nature montagneuse du territoire peut sans doute être encore comprise de cette manière aux temps contemporains de la frontière-ligne, comme le matérialisèrent les lignes Serè de Rivière et Maginot, alors qu’il s’agit désormais de défendre la Terre Patrie nationale.

Toutefois, on ne défend sans doute pas un territoire de la même manière lors des différentes périodes qui nous intéressent. Chacune met en œuvre des enjeux et des dimensions territoriales variés suivant une évolution non-linéaire qui peut néanmoins être sous-divisée théoriquement de la manière suivante :

  • À partir de périodes « initiales » qui restent à définir[6], la mise en place de structures défensives et d’habitats d’élite ;
  • Celles de la création des châteaux précédent la conquête du Comte de Provence mi-XIIIe siècle ;
  • Celle de la défense du nouveau territoire face aux voisins belliqueux (Vintimille-Tende, Gênes…) et inversement de l’organisation de ce même espace comme base de conquête (Piémont, Roya…) ;
  • Du renforcement du pouvoir Savoyard (château comtal de Belvédère…) initiant l’abandon progressif des défenses locales ;
  • Des différents conflits de l’époque Moderne, depuis le passage des mercenaires des Guerres d’Italie à la guerre Gallispane ;
  • Enfin, la période révolutionnaire, touchant l’aube du XIXe siècle, alors que la notion de défense et sa pratique ne varient pas encore véritablement…

Nous notons des aller-retours réguliers et inévitables lors de ces périodes entre des méthodes défensives fixantes ou au contraire diffuses, qui ont des implications différentes en termes de conceptions de l’espace. Il n’y a, à priori, pas de règle en la matière.

On se posera alors la question de la vie des communautés d’habitants sur ce type de territoire, en gardant à l’esprit que « le territoire intègre la prise en compte du vécu des hommes »[7]. Elle implique des caractères particuliers aux temps de guerre en termes de mobilisation des ressources économiques, de vie quotidienne, de représentations et d’aménagements. Une « enquête archéologique approfondie », qui n’a pas encore été réalisée, pourra permettre de renforcer nos connaissances, selon le vœu de Marc Bouiron[8]. Pour être plus précis, les observations morphotypologiques devront, à terme, être complétées par des campagnes de fouilles, pour « permettre une historicisation des données », faisant le lien entre « schémas théoriques et données empiriques »[9].

On pourra enfin se poser la question de l’importance de la matrice défensive le long de notre période, comme « expression de la conscience d’une communauté »[10] dont il faudra définir les contours successifs : territorium castri, cadre paroissial, cadre communautaire, définition de l’entité du Val de Lantosque, de la « montagne »… dans une conscience de groupe à géométrie variable, et de dynamiques aléatoires.

Il semble enfin opératoire d’estimer la valeur de la notion de « fluidité territoriale » une fois confrontée aux nécessités d’une défense commune aux diverses échelles, celle du point fort (castrum, fortificium…), de l’enceinte villageoise, de la défense « hors sol » des redoutes, et de l’utilisation de la profondeur géographique, avec un certain degré de coexistence des formes de spatialisation défensive, aux ajustements réguliers.

Pour se faire une idée plus précise de la récurrence des phénomènes, proposons une analyse rapide des différentes périodes de conflits qui ont agité ce territoire.

PARTIE 1 : Le Val de Lantosque médiéval

Le Val de Lantosque est une notion relativement tardive au Moyen Age. La première mention connue remonte, selon Jean-Paul Boyer, au milieu du XIIe siècle[11], mais Marc Bouiron[12] voit plutôt sa création à la suite de la conquête, mi-XIIIe siècle, par Raimond Bérenger V et Romée de Villeneuve. Par simplification et commodité, je parlerai de cet espace, à défaut d’autre nom, pour toutes les périodes qui nous intéressent ici.

Ce que l’on sait jusqu’à la fin du XIe siècle

Que peut-on connaître de ce territoire avant la fin du XIe siècle ? Peu de choses si l’on se réfère au registre documentaire. Les chartes qui y font référence ont été depuis longtemps publiées et présentées[13].

Mais malgré l’insuffisance des données textuelles, il n’est en aucun cas envisageable que la Vésubie ait été alors un territoire vide. Bien au contraire, les multiples indices archéologiques mis au jour depuis plus d’un siècle démontrent une continuité manifeste de l’occupation humaine, certes de manière spatialement discontinue, depuis les périodes pré-historiques. Sans doute est-ce là l’effet d’un déficit de recherches.

Peut-on imaginer la présence de structures défensives dans la Vésubie à ces hautes époques ? Si l’on se réfère à la chronologie généralement admise, l’identification sociale des milites au tournant du XIe et du XIIe siècle rend possible la création des premières mottes castrales[14], mais il existe aussi des véritables « seigneuries sans château »[15], contemporaines. Les recherches les plus récentes tendent même à repousser ces créations jusqu’à l’époque carolingienne finissante[16]. Une grande variabilité de formes doit être envisagée.

Les recherches d’Alain Otho mettent en évidence la présence de sites d’implantations défensives, à partir de conjonctions d’indices, certes théoriques, que seule l’archéologie peut aujourd’hui permettre de mieux connaître.

Les travaux de Jean-Claude Poteur[17] nous avaient déjà permis d’établir une typologie générale des châteaux dans notre département, à partir de 34 sites inventoriés. L’auteur précisait que certains toponymes pouvaient être indicatifs de lieux d’habitats et/ou fortifiés, comme par exemple les multiples Villette et autres Salettes qui se retrouvent sur les cartes et cadastres… et bien entendu les Castel sous leurs diverses déclinaisons, comme autant de lieux de refuges très anciens, impliquant parfois des fortifications, mêmes modestes. Jean Claude Poteur rappelait que ces appellations n’impliquaient aucune hiérarchisation des structures bâties, ni même de chronologie entre elles[18]. Il rappelait encore que les seigneurs de Nice tentaient, mi-XIe « une timide pénétration dans la partie centrale et septentrionale » de l’aire niçoise, s’installant à Contes, Levens, Lucéram[19] et Drap. Mais au nord de cette ligne, point de connaissance.

La densification du réseau castral début XIIe siècle semble se réaliser par parcellisation des vastes territoires que les autorités laïques tiennent : Touët de l’Escarène, Berre, Coaraze, Eze puis Châteauneuf de Contes apparaissent (1109, avec pour châtelain Vivien).

Et d’établir une typologie à partir de 19 fortifications créées.

Les « châteaux » antérieurs à la mi-XIIe siècle sont installés sur des sommets à vaste plate-forme sommitale, reliée par un large col, et possédant un réduit surélevé, que l’on ne qualifie pas encore de donjon, comme le sont les villages de Bairols et plus près de nous de Venanson.

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Eperon de Venanson (AMONT)

Fin XIe, début XIIe siècle, la plate-forme sommitale se réduit, comme à Coaraze ou Loda. Les évolutions techniques et surtout financières permettent de construire en maçonneries des défenses qui complètent ou remplacent les protections naturelles des à-pics.

Alors que la première maison comtale de Provence connait une succession difficile provoquant l’affrontement des prétendants et l’implantation de la Maison catalane, Raimond Bérenger doit rapidement se désengager de la région niçoise. Ce n’est que dans le dernier quart du siècle que le comte catalan, appuyé sur son lignage, réussit à soumettre le consulat de Nice (1176). Mais la pression Génoise s’accentuant, le comte perd ses assises locales lors de la destruction de son château à Nice même, en 1215. Ce n’est qu’après une courte mais violente campagne que Raimond Bérenger V soumet définitivement la ville et supprime son consulat (1229).

Jean Claude Poteur expliquait que les forteresses du XIIIe siècle se multipliaient, créant un véritable réseau de points d’appuis, « construits rapidement »[20], ne nécessitant qu’une faible garnison pour en assurer la protection. Pour certains, il pouvait parler de véritables « châteaux éphémères »[21].

Qu’en est-il du Haut Pays, et en particulier du futur « Val de Lantosque » ? L’étude la plus complète, bien que ne donnant que peu d’indications sur le sujet qui nous intéresse, reste la thèse de Jean Paul Boyer, traitant d’une période postérieure à l’apparition et au paroxysme du phénomène. Le premier castrum connu est celui de Venanson. Simple mention lors d’une donation-restitution effectuée en 1067 par les seigneurs de la Tinée-Valdeblore.

Nous connaissons quelques autres localités à pareille époque – comme la villa de Gordolon (1075, villa et manse) ou celle du Gast (1075) – mais rien ne dit que ces localités soient alors défendues. Et aucune mention des fortifications, pourtant présentes à proximité, ne leur sont attribuées.

Ces territoires semblent, à cette époque, encore entre les mains des familles seigneuriales des Rostaing au nord, et des Castellane-Thorame au sud de la vallée. La limite de leur influence se trouve vraisemblablement entre Berthemont et Belvédère.

Il semble, pour reprendre les mots de Jean-Paul Boyer, que « la multiplication des tentatives [d’installation de l’habitat] se relie aisément à l’essor de la classe des milites, une petite féodalité rurale à implantation marginale »[22].

La villa du Gast est de nouveau citée en 1141, et apparaissent Lantosque (1140, Villa avec son église et son cimetière) et Loda mi-XIIe siècle[23]. Cette dernière localité est alors le siège d’une « maison forte » que Jean Claude Poteur date du tournant XIIe-début XIIIe siècle[24].

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Plate-forme sommitale de Loda (T. Franco)

La représentation cartographique de la vallée, à partir du plan cadastral des années 1875, nous donne quelques indications pour le moins étonnantes sur le sujet : en replaçant les toponymes cadastraux ayant trait aux ciastel, castel, castellar… une remarque s’impose. Ils semblent être « alignés », vision totalement inattendue, à la fois au sud de Lantosque et à l’est de la vallée, interdisant les diverses entrées du territoire ! Mais peut-être est-ce là seulement une illusion, car rien ne permet d’affirmer la contemporanéité d’installations défensives potentielles.

L’emplacement de certaines chapelles médiévales peut également être intéressant. La Trinité à Saint-Martin-Vésubie ; Saint-Jean à Belvédère ; Saint-Julien à Roquebillière ; Sainte-Elisabeth à La Bollène ; Saint-Georges et Saint-André à Lantosque ; Saint-Antoine à Utelle ; Saint-Jean à La Tour ; Saint-Michel au Puget de Clans…

Enfin, celui des toponymes liés au défrichement[25] complète un tableau rapide de l’espace médiéval : Fornas et Fourneraie à Venanson ; Gaudissart à Saint-Martin-Vésubie ; Plan Gast à Roquebillière ; Li Fournes et Issarts à La Bollène ; Gaudissart également, à Lantosque ; Les Fournès et Fourà à Utelle ; Le Fourné, Fumaux et Bois Brûlé à La Tour ; Gasc et Issarts à Valdeblore. Il existe encore un Fournas sur la commune de Moulinet, entre Peïra Cava et le village. Que peut-on en conclure ? Peu de choses en l’état, sans doute sont-ce là des indices appelant au travail de terrain. Il n’est pour s’en convaincre que de présenter les exemples des chapelles de Saint-Sauveur et de Sainte-Elisabeth de la commune de La Bollène…

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Autour de la conquête du comte de Provence

Avant la conquête provençale, le castrum de Manoinas est avéré par la présence de son prêtre, cité en 1206[26]. Roquebillière apparaît à la même période. Gordolon est encore un village actif, même s’il « s’efface » progressivement entre 1235 et 1244, pour connaître par la suite plusieurs renaissances avant la fin du XVe siècle.

Une autre influence seigneuriale s’étend sur la haute vallée. Guillaume II comte de Vintimille y tient, à Venanson, Saint-Martin et Roquebillière, de nombreuses terres et d’importants droits seigneuriaux. Jean-Paul Boyer pense que les seigneurs de Vintimille ont pu s’implanter en Vésubie à la suite d’ententes matrimoniales avec les seigneurs de la Tinée-Valdeblore. Les biens que le comte de Provence détient par la suite seraient issus, si nous suivons son raisonnement, des possessions seigneuriales qu’il aurait confisquées à cette famille, et que l’on retrouve dans les grandes enquêtes comtales plus tardives. Sont concernés par ces transferts de souveraineté, entre autres biens, les alpages et les droits sur les forêts, donc ceux de la Terre de Cour[27].

Vers 1240, ce territoire nouvellement conquis n’est pas encore une entité administrative individualisée. Il est rattaché à la baillie de Fréjus. Il faut attendre la fin de la conquête, concernant la partie nord de l’actuel département, pour qu’un baile, officier de justice représentant le comte, y soit installé à demeure. Le premier baile connu est celui de Belvédère en 1245. Sa juridiction correspond alors au territoire d’une baillie. Celle-ci est rattachée à la viguerie de Nice en 1290[28], « avec Sospel comme chef-lieu », avant de devenir viguerie à part entière ½ siècle plus tard. Confirmant le pouvoir incontournable du comte, Charles 1er recevait, en février-mars 1271, le serment de tous les villages de la Vésubie. La nature de l’acte souligne qu’il tient désormais une part importante du pouvoir judiciaire et de nombreux biens épars dans l’ensemble de la vallée. Ce qui n’interdisait pourtant pas à d’autres seigneuries de coexister.

De fait, ce n’est qu’avec le traité de paix du 23 février 1258[29] que Guillaumin, fils de Guillaume II de Vintimille, cédait ses droits sur le Val de Lantosque au comte de Provence, en échange de la baronnie de Glandevès, estimée à 5 000 sous, et d’un dédommagement de 1 000 £ tournois[30]. Le 28 mars suivant, le sénéchal Gérard de Saciac recevait à Lucéram une autre partie du comté, tenue par les fils de feu Manuel comte de Vintimille. Règlement tout temporaire, puisque d’autres seigneurs du lignage de Vintimille, les frères de Guillaumin, Pierre Balde et Guillaume Pierre[31] contestaient très rapidement cet accord. S’ensuivait une longue série d’affrontements, qui avaient lieu essentiellement en Roya, mais qui n’excluaient pas des incursions en Vésubie. Ils opposèrent le comte de Provence aux différents prétendants de la famille Vintimille. La place forte de Saorge devenait l’un des enjeux essentiels de ces guerres, et nous concerne directement. Cet épisode peut intéresser potentiellement de nombreux sites castraux dans la Vésubie, parmi lesquels celui de Sainte-Elisabeth (commune de La Bollène) sur la route de Turini.

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Carte postale, rare vue de la chapelle dans son dernier état, entre 1883 et 1906[32]

(AMONT, Coll. JMS)

La création du Val de Lantosque

En 1220, Lucéram passe sous la juridiction du comte de Provence, à la suite d’un accord avec les Vintimille qui en détenaient la seigneurie jusqu’alors. La conquête conjointe du Val de Lantosque en fait, nous l’avons vu, une entité administrative particulière, indépendante en 1245[33]. Sospel, devenu chef-lieu, accueille les réunions du Conseil. Le siège du baile majeur y est installé. On y retrouve également les principaux agents du comte. Le château (fortallicium) de Sospel, en partie en ruines en 1297, est rapidement restauré. Enfin, entre 1345 et 1347, le Val de Lantosque est érigé en viguerie. Un baile est encore présent à Belvédère en 1333. Le conseil de Viguerie, qui siège à Sospel en octobre 1347[34], rassemble 16 communautés pour organiser une défense mutuelle face aux dangers permanents entretenus essentiellement par les Lascaris de Tende.

La réunion du 26 mai 1382 se tient cette fois à Belvédère. Elle a pour objet principal d’établir une position commune à la suite de la mort de la Reine Jeanne. Nous sommes à la veille de la « Guerre de l’Union d’Aix »[35].

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Porte Sainte-Anne et murailles

à Saint-Martin (AMONT)

Point d’appui et défense

Les communautés villageoises vésubiennes du Val de Lantosque ne sont que tardivement entourées de murailles. Jean-Paul Boyer les présente toutes protégées entre le XIIIe et le XVe siècle, à l’exception de Roquebillière.

De fait, l’enquête du comte de Provence c. 1252 indiquait à Belvédère la présence des murailles (barrium).

Elles existent également à Utelle en 1297, où l’on parle, un siècle plus tard, d’un fort (fortalicium), puis de nouveau de murailles en 1416.

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Assemblage cadastral (1874) du village et du site de l’ancien château,

où se trouvent à cette date le cimetière et la chapelle Sainte-Brigitte

De même à Saint-Martin en 1419, où l’on retrouve plusieurs portes : l’une au nord (portale superius), l’autre à l’ouest vers l’actuelle porte Sainte-Anne (portal del molin), une dernière avérée à l’entrée inférieure de la rue du four (portaletum de Angieriis).

À Belvédère est encore connu, bien que non daté, le portail massif implanté sous l’église.

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Ancienne muraille sous l’église de Lantosque (AMONT)

Un pan de mur, possédant deux ouvertures défensives, est aussi visible à Lantosque, ainsi que des traces de l’ancienne entrée fortifiée s’appuyant sur la chapelle, plus tardive, des Pénitents noirs du village.

L’entrée d’Utelle se réalise encore actuellement par le passage couvert jouxtant l’église.

Des travaux importants sont encore réalisés à la forteresse de Belvédère c. 1429.

Ces travaux de fortification s’expliquent en partie par « la position de la Vésubie [qui] a nécessité l’apparition précoce d’enceintes villageoises »[36]. Jean-Paul Boyer pense qu’ « elles traduisent une réorganisation de la défense autour de la communauté » et souligne qu’ « un effort particulier est fait dans la seconde moitié du XIVe siècle ».

Cette position « implique la présence de castallans et de sergents dans les châteaux »[37]. Pour la Vésubie, seul le château de Belvédère est dirigé par un castellan. Nous en connaissons les noms entre 1324 à 1368. À cette dernière date, il s’agit de Jacques de Vouta. Il est accompagné de 2 sergents. Il reçoit 3 £ de bans + 14 £ 10 s de service + 10 £ d’albergue et cavalcade + 12 £ des pasquiers (pâturages), le tout provenant des revenus comtaux prélevés à Belvédère. S’y s’ajoutent 3 £ des pasquiers de Musella. Au total, 78 £ et 12 sous par an, dont 40 lui sont directement versés à titre personnel, le reste servant à rémunérer ses subordonnés. En fait, l’essentiel des revenus du comte dans la Vésubie servent à cette date à rémunérer les castellans des autres châteaux qui organisent la défense du Comté de Vintimille & Val de Lantosque. Celui de Castellar reçoit les revenus de Roquebillière.

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Ruines du château de Malemort (AMONT)

Celui de Malemort au-dessus de Saorge, ceux de Lantosque. Celui de Salis, toujours à Saorge, ceux de Saint-Martin et Venanson, mais aussi quelques services de La Bollène et des revenus de Loda. Celui de Rocchetta (Nervia), ceux de Clans et Marie en Tinée…

Avec celui de Loda, dont nous ne savons s’il était encore fonctionnel au XVIe siècle, Belvédère demeure le seul château de la vallée. Il possède toujours le qualificatif de comtal, même s’il est tenu à partir de la fin du XIVe siècle par la famille Grimaldi. « Menaçant ruines »[38], il permet, c. 1429, à Jean-François Grimaldi, neveu et héritier de Cosme, d’être exonéré de 600 florins par le Fisc royal pour sa restauration. Après une période d’intermittence (le prieur de Valdeblore, Raymond Alègre, est vice-gouverneur du château), ce sont à nouveau les Grimaldi qui le dirigent. Le 16 février 1485[39], Honoré, fils de Jacques de Beuil, reçoit par patentes ducales de Charles 1er la charge de châtelain. 10 ans plus tard[40], il est confirmé dans sa commission par la Régente Blanche de Savoie, alors que le chatelain Melchior Grimaldi laissait par testament une fondation de 2 lits pour les « pauvres pèlerins »[41] empruntant le chemin de la Gordolasque. En 1506, le château est dit « menacer ruine »[42].

De fait, la vallée revêt une importance stratégique, au contact avec les Vintimille à l’Est, depuis Tende jusqu’à la basse Bévéra ; face aux espaces piémontais au nord. Charles 1er tente alors d’étendre sa domination sur la plaine padane, et entre à Cunéo en juillet 1259. L’entente finalement conclue avec la République de Gênes en 1262[43], véritable partage des zones d’influence sur le Comté de Vintimille au dépend de leurs anciens seigneurs, a pour conséquence le renforcement des dispositifs défensifs en Haute Roya. Il devient alors essentiel au comte provençal de s’en emparer s’il veut s’assurer du passage du col de Tende et renforcer ses ambitions ultramontaines. Si Saorge est entre ses mains – Charles 1er reconnaissait les statuts de la ville le 13 avril 1270, année de la mort de son castelan Pierre Bouton – Brigue et Tende sont fermement tenus par les comtes de Vintimille, et mènent des opérations militaires contre les possessions angevines. Alors que Piene et Vintimille tombent un moment entre les mains des Provençaux, les seigneurs de Tende réussissent à occuper Saorge et Breil, tentent des coups de mains contre le Val de Lantosque. Saint-Martin semble être « attaquée nuitamment par les bandes des Lascaris » en 1274[44] mais réussit à repousser l’adversaire. Une nouvelle paix, signée à Aix le 12 juin 1276, ne change pas la situation. Charles 1er relance la conquête du Piémont en 1277, sans grand succès. De guerre lasse, Tende finit par reconnaître la souveraineté de Charles, mais sans perdre ses terres, conservant même durant plusieurs années Saorge et Breil. Le 21 août 1279, preuve d’une certaine indépendance, la seigneurie des Grimaldi signe une convention d’alliance avec Cunéo et la vallée de la Vermegnana, promettant, le cas échéant, de s’entraider contre les prétentions provençales. Tende propose alors d’engager 80 arbalétriers, soulignant une nouvelle fois la force de la structure militaire communale héritée des villages de la Haute Roya[45].

Les nouvelles velléités d’indépendance des seigneurs de Tende, en 1284, se soldent finalement par la chute de Saorge. Le village repasse sous l’autorité du comte de Provence. Afin de s’assurer de la fidélité des habitants, le viguier de Nice reconnaît les privilèges de la ville le 7 novembre. L’année suivante, une nouvelle révolte des Tende relance les affrontements. Ils échouent à prendre Saorge, mais sèment le désordre sur les marges orientales de Provence, en premier lieu en Bévéra et Vésubie…

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Détails de l’ancienne muraille de Saint-Martin (bari), tirée de l’Album de la Vésubie (c. 1870)

Le caractère militaire de la Vésubie s’affirme durant toute cette période. Début XIVe siècle, c’est à Saint-Martin que sont réunies les milices, constituées de la levée des contingents des hommes des villages, destinées à participer aux expéditions militaires en Piémont. Le comte de Provence vient de reconquérir Ceva, Mondovi, Savigliano et Alba. Le 15 août 1305, les milices « campent aux prés de Fenolio Rostagni » pour aller guerroyer contre le prince d’Achaïe et le marquis de Saluces. Elles sont installées « hors-les-murs » nous dit Raiberti[46] – encore faut-il que la ville, qui se limite alors, au mieux, à l’espace circonscrit par l’actuelle « rue du Four », en soit dotée, nous n’en avons aucune certitude – sous les ordres du vice-régent du sénéchal Jacques Adoin. Un acte de privilège est alors consenti par le comte afin qu’elles puissent quitter les limites du comté. En sont témoins, entre autres personnalités, Paul Chabaud, chevalier de Flayos et castellan de Mallemort, Marin Ruffi de Nice castellan et baile de Breil. Les troupes s’emparent de Borgo San Dalmazzo, Demonte, Cunéo et Fossano[47].

Ce même auteur nous informe d’un autre passage des milices à Saint-Martin, cosignant une déclaration de fidélité au comte le 22 juillet 1423 contre la reconnaissance de leurs privilèges. Il s’agissait cette fois d’assiéger Cunéo, sous le commandement du Capitaine du Comté de Vintimille et Val de Lantosque André Gardneri, et des Lieutenants des milices Honoré Marquesan et Jean Cays...

Revenons aux tensions avec les Vintimille.

De nouveau en 1318, les seigneurs de Tende tentent un coup de force sur Vintimille, mais sont arrêtés devant le château de Saorge. Ils se lancent alors dans un conflit intermittent durant une dizaine d’années, sans résultat sensible. Une convention de paix, signée le 29 janvier 1328 entre Guillaume Lascaris et les villages du Val de Lantosque, met fin à ces affrontements, les parties promettant de s’indemniser mutuellement des dommages commis.

En 1349, une nouvelle lutte amène le comte de Tende à s’emparer de Saorge, « livrée par ses partisans ». Breil et Sospel sont pillées, Roquebillière et Lantosque attaquées. Le Sénéchal Raymond d’Agout [dont la mémoire familiale marque encore la toponymie de Saint-Martin, où existe le quartier du Pra d’Agout] mène l’offensive pour le comte de Provence, mais est fait prisonnier en Roya. Sa capture permet au comte de Tende de mener de nouvelles opérations en Vésubie. La paix est finalement signée le 14 décembre 1352 et revient au statu quo ante.

Avant de quitter, tout théoriquement, la période médiévale, un bilan s’impose. Le territoire étudié a été le lieu d’intenses et récurrents affrontements durant toute la période. De fait, le programme « Défendre le Val de Lantosque » trouve toute sa légitimité à reconstituer l’environnement défensif de ce territoire pendant des périodes relativement peu documentées.

Résumons-nous. En-deçà de l’An Mil, aucune lisibilité. Rien n’interdit pourtant d’imaginer les différents habitats libres de toute défense, parfois même instables, selon « un mode d’occupation extensif des terroirs » comme le présente Yann Codou[48] pour la Provence rurale voisine. Pour sa part, Daniel Mouton considère que les premières installations fortifiées apparaissent ponctuellement au IXème siècle dans les grandes vallées alpines méridionales voisines[49]. Les derniers travaux de Jean Claude Poteur[50] vont dans le même sens pour la Haute Tinée et peut-être également pour la Vésubie, sans pouvoir en préciser la chronologie à défaut d’analyse archéologique. Les « donations » dans la deuxième partie du XIème siècle montrent effectivement des territoires déjà constitués, sans doute incomplets, où se sont installés les éléments « visuels de la puissance des clans familiaux ». Il peut s’agir alors de castra comme indiqués dans les chartes, ou de simples territorium qui n’interdisent pas la présence d’habitats fortifiés dominants.

À cette époque, rien n’interdit non plus que l’habitat reste dispersé, comme peut encore le suggérer la structure des hameaux du sud des vallées (sur les communes de Lantosque, Utelle, La Tour). Le cas de Gordolon méritera d’être analysé au plus juste, tant les quelques rares informations en notre possession peuvent renvoyer à un autre modèle, celui des prieurés où l’édifice religieux tend à concentrer l’habitat et à polariser la vie quotidienne et politique.

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Mur de fortification sommitale et position

du Caïre del Mel (AMONT)

Le Caïre del Mel s’inscrit plutôt dans le modèle de la tour de défense et du « château éphémère », même si la datation de ses « murailles » semble tardive[51]. Il peut en aller de même pour le site de l’ancienne chapelle Sainte-Elisabeth sur la route menant de La Bollène à Turini. La projection cartographique initiale présentée peut même poser la question des « vides », des espaces qui auraient pu accueillir ce genre de structures à la temporalité somme toute assez courte.

Car ce n’est finalement qu’au XIIe siècle que le castrum devient « le pôle unique du terroir »[52], que la défense du lieu devient essentielle face à l’intrusion de forces exogènes bien plus dangereuses pour la survie des cellules d’habitats.

PARTIE 2 : Le Val de Lantosque moderne

Si les temps de la Maison de Savoie interrompent progressivement, après la nécessaire installation du nouveau pouvoir, les tensions que j’appellerais « locales » ou « régionales », ils inaugurent une nouvelle période durant laquelle se multiplient les « passages de troupes », utilisant notre région comme voie de circulation entre l’Italie du Nord et la Provence désormais française. La notion médiévale de « Terre de Marche » reste à l’évidence fonctionnelle.

Les aller-retours incessants de l’époque Moderne

Le premier épisode connu débute lors des « Guerres d’Italie ». 1 500 Gascons de François Marie de la Rovere, duc d’Urbino, qui revenaient à l’automne 1516 des guerres françaises d’Italie, tentèrent le passage des Alpes maritimes. Après avoir été repoussés du col de Fenestres[53], après s’être emparés « de la montagne [au-dessus du Caïros] »[54] tenue par les « paysans de la vallée de Lantosque et de Saint-Martin » dont ils tuèrent un grand nombre, les mercenaires réussissent à bousculer les défenses communales de la Roya. Hervé Barelli rappelle encore qu’ « Antoine Fabre [Fabri] de Saint-Martin était capitaine » des milices de la Vésubie. Repoussés de Saorge bien défendue, les routards pillèrent la vallée de la Roya[55], avant de passer par Sospel et se rendre en Provence. Ils ne transitèrent que brièvement aux abords de Nice trop bien défendue. Cet événement, relaté dans les chroniques contemporaines de Jean Badat, paraissent être la première mention connue d’une défense organisée du massif de l’Authion !

Les défenses des villages sont alors de nouveau régulièrement entretenues, comme le signale l’acte du 15 juin 1516, émanant de la Communauté de Saint-Martin. La Conseil municipal ordonne en cette occasion « que soit dégagé le passage circulaire et autour des murailles du village, ouvert de long en long et tenu net, sans empiétements pour pouvoir passer sans incommodité al Portal Soprano alla casa di Michel Maïssa »[56]. Nous comprenons l’inquiétude des autorités locales, mais imaginons aussi qu’une certaine permissivité a été autorisée jusqu’alors. Elle a visiblement laissé place à une forme d’abandon, puisqu’il est nécessaire que le Conseil s’exprime sur la nécessité de conserver l’espace défensif en état d’utilité.

1524, ce sont les troupes du Connétable Charles de Bourbon et de Ferdinant d’Avalo, marquis de Pesquaire[57], qui franchissent le col de Tende pour conquérir la Provence. Ils traversent Sospel avec 2 000 cavaliers et 25 000[58] fantassins, s’y approvisionnent, et commettent quelques méfaits. Défaits durant l’été, ils repassent par notre région, on imagine dans quel état d’esprit. Le Val de Lantosque, sans être directement sollicité, est une nouvelle fois mis en défens pour tenter d’éviter les pillages.

L’épisode suivant est celui de l’invasion de la Savoie et d’une partie du Piémont par les troupes françaises. En 1536, le duc de Savoie est dépossédé de ses biens montagnards par l’invasion gallicane. Il ne possède plus que ses Terres Neuves de Provence, le futur comté de Nice (l’appellation est officialisée en 1553), où il se réfugie, mettant en défense les montagnes. Le soutien impérial lui permet de s’y maintenir, mais aussi d’engager une nouvelle tentative d’invasion de la Provence (entre le 26 juillet et le 24 septembre). Après son échec, de retour, les troupes repassent par Sospel et Tende, causant de nombreux dégâts. La route de Tende devient la principale voie de circulation entre plaine Padane et Provence, mais n’interdit pas d’utiliser les passages annexes de la Vésubie, cols de Fenestres et de Cerise, encore fréquentés par les routes commerciales. Voire le col de Raus... La Trêve de Nice met fin à cet épisode.

1543, l’année du siège de Nice[59], marque l’acmé des affrontements. Le 5 août, 200 voiles turques transportant 14 000 fantassins dont plusieurs milliers de janissaires (les troupes d’élite ottomanes), combinées à 26 galères françaises soutenues par 8 000 hommes, arrivent à Villefranche. Les alliés envoient d’importantes colonnes de troupes sur les villages alentours et dans les vallées, pour se ravitailler, se livrant à un pillage en règle. Le haut pays, sur la défensive sans représenter ni une menace ni une force d’opposition pour les envahisseurs, n’est touché que de manière marginale par ces raids. Après la tentative d’assaut du 15 août, le siège est levé le 9 septembre sous la menace d’une colonne de secours placée sous les ordres de Charles III. La ville et une partie du comté ont pourtant été dévastées.

Le 4 avril 1553, la comtesse Anne Lascaris de Tende s’empare de Saorge grâce à ses partisans dans la place. Alliée du roi de France, elle mène une guerre pour son propre compte. Mais le Gouverneur de Nice, le Chevalier Caïs, soutenu par les milices de Lucéram, L’Escarène, Sospel et Breil, obtient « au bout de 8 jours »[60] la reddition du château et le retour à l’obédience ducale de Saorge.

Si le comté de Tende est finalement acheté par Charles Emmanuel 1er en 1581, le passage des troupes, amies ou ennemies, ne cesse pas pour autant. Les villages sont régulièrement mis en défens.

L’année précédente, Charles Emmanuel 1er faisait valoir ses droits à la succession de France. En juin, ce sont 7 000 hommes, dont 2 500 cavaliers, qui traversent de nouveau le comté, sous le commandement du duc, en direction de la Provence. Après une chevauchée qui l’emmène jusqu’à Aix, il est forcé de se replier. Le Comté de Nice est envahi à son tour par les troupes de Lesdiguière. Les adversaires se font front sur une ligne partant de Lucéram jusqu’à Peille. La confrontation dure 5 ans. Partant, le Haut Pays est occupé régulièrement pendant toute cette période par les Français, qui cantonnent encore à Saint-Martin-Vésubie en 1594, et à Saint-Dalmas du Plan (Valdeblore) en 1597[61]. En 1600, le duc de Guise tente une percée, mais la paix est finalement conclue à Lyon, le 17 janvier 1601, mettant définitivement fin aux prétentions savoyardes sur le trône de France. Si les conséquences territoriales de cet accord sont importantes sans être vitales (il lui fait perdre certaines de ses provinces sur le versant français), l’aspect géopolitique est bien plus important sur le long terme. Il est généralement admis que les prétentions exclusives de la Maison de Savoie sur la péninsule italienne datent de cette période.

Une nouvelle notion du territoire aux XVIIe-XVIIIe siècles

Durant ce difficile XVIe siècle, les milices villageoises ont été maintenues sur le pied de guerre. En 1613, la Communauté de Saint-Martin fait compiler ses « vieilles ordonnances » et relève celle, déjà citée, de 1516 concernant l’entretien de ses murailles, laissant ainsi entendre que le sujet est toujours d’actualité. À cette époque, c’est le Capitaine Claude De Gubernatis qui dirige les milices. La menace portée par Lesdiguières était récente et sans doute encore dans les esprits. La défense du village, organisée par le baron Grimaldi de Beuil[62], s’appuyait également sur Saint-Dalmas et Saint-Sauveur. Elle avait, semble-t-il, été efficace… pour cette fois.

L’épuisement financier et moral des populations est pourtant tel qu’elles en viennent parfois à prendre les armes unilatéralement. C’est ce qui arrive quand elles refusent, après la suspension d’armes de Suze (le 11 mars 1629), d’accueillir en cantonnement les troupes du duc de Guise et de Dom Philippe de Savoie à Contes, Lucéram, Levens, Lantosque et Saint-Martin. Face à cette menace, les milices du Val de Lantosque décident de barrer l’accès de leur région aux 2 500 hommes de troupe du Chevalier de La Valette. Devant le sursaut de violence engendré par cette décision, un accord est finalement trouvé. Les communautés acceptent un ultime sacrifice financier et se voient imposées de 3 000 ducats pour prix du retrait des troupes françaises. Il a tout de même fallu se porter, armés, au-devant des adversaires, pour lui interdire l’entrée dans la Vésubie.

La guerre civile, provoquée par les tensions consécutives à la régence de Madame Royale (suite à la mort de Victor Amédée 1er, le 7 octobre 1637), amène de nouvelles circulations de troupes, tant Françaises qu’Impériales. L’épisode dure cinq années consécutives. Les aléas de la guerre obligent Saint-Martin à financer les cuirassiers du marquis de Fleury, à payer le donatif et à emprunter jusqu’à 500 doubles, soit l’équivalent de 2 ans de budgets, pour financer les dépenses militaires, obérant ainsi l’avenir de la Communauté pour de longues années.

La génération suivante est marquée par la guerre dite de la Ligue d’Augsbourg. Le 11 mars 1691, Catinat traversait le Var à la tête de 9 000 fantassins, 600 cavaliers et 2 régiments de Dragons français[63]. Les milices communales sont mobilisées depuis plusieurs mois, avec pour mission de tenir une ligne allant de Monti, Castillon et Menton. Les villages de Breil, Brigue, Clans, Dolceacqua, Isola, Lantosque, Lucéram, Pigna, Roquebillière, Saint-Sauveur, Saint-Martin, Tende, Utelle, Valdeblore, envoient des hommes, auxquels s’ajoutent 25 autres des communes de Belvédère, Apricale, La Bollène, Isolabona, Perinaldo, Rochetta. Le 26 mars, Catinat demandait la reddition de Sospel, mais le mois suivant, était annoncé un renfort de 5 000 soldats réguliers et 13 000 miliciens depuis le Col de Tende, obligeant les Français à la levée du siège.

C’est de cet épisode que la mémoire collective a conservé la trace des premiers « barbets », alors confondus avec les « Vaudois », un millier de miliciens qui harcelaient les Français derrière leurs lignes. Catinat nommait le chevalier de La Fare à la tête d’une colonne de 800 hommes pour lutter contre ces troupes qu’il qualifiait d’irrégulières.

Les Français prenaient alors Lucéram, l’Escarène et Peille. Par contre, leurs attaques sur Castillon et le col des Banquettes restaient vaines. Le 1er juillet, imaginant un mouvement discret, une forte troupe (3 bataillons, 13 compagnies, 12 régiments de ligne et 1 de Dragons) se porte sur le Braus peu défendu. Les Piémontais se voient obligés de se replier sur le Brouis et abandonnent Sospel. Mi-juillet, Saorge est tombé. Une nouvelle fois, tout le Haut Comté est occupé. Les villages doivent reconnaître la souveraineté de Louis XIV[64] ; Roquebillière prête serment le 12 août 1691[65]. Le village est occupé jusqu’en 1696. Le traité du 29 août de cette année redonne pourtant Nice à la Savoie. Les Français évacuent finalement le territoire fin septembre.

La guerre de Succession d’Espagne est à la fois la toute dernière « guerre de chevauchée » et la première « de positions ». Un exemple suffira pour s’en convaincre. Sospel reçoit les premières fortifications « modernes », embastionnées, sur ordre de Vauban.

C’est l’épisode de la destruction de la citadelle de Nice (1704). Le Comté tombait dans l’année de la prise de Nice, ville et château. À l’été suivant (1707), le Prince Eugène de Savoie contre-attaquait en passant Tende. Les milices de Saorge le rejoignaient, puis celles de « Lantosque » qui débouchaient sur le col de Brouis[66]. Ils réussissaient à repousser les Français jusqu’au Var, s’appuyant sur le fort contingent des milices. En septembre, il refluait pourtant déjà devant le retour des Français, et faisait sauter les fortifications de Sospel. Dès leurs retours, les envahisseurs les restauraient et mettaient en place un nouveau système de défense dans le Val de Lantosque. Celui-ci est avéré à Lantosque même, où une fortification était établie dès mars sous le commandement de De Michel, Bègue et Grosseteste[67], et déjà sur le site de l’Authion (1709). Ces structures défensives sont encore renforcées l’année suivante. Le traité d’Utrecht concluait l’épisode. Musso[68] affirme que les terres de Soma Longa, au sud de Roquebillière, totalement bouleversées par l’établissement de nombreuses redoutes rendant improbable toute culture céréalière, étaient alors replantées en châtaigneraies.

On le constate, les fortifications des villages servent alors de points d’appui aux mouvements des troupes. Mais l’essentiel des affrontements se déroule à partir de structures éphémères, des redoutes, mises en place au gré des besoins et des avancées des différentes troupes, selon des logiques « de territoires ». La stratégie oblige à organiser la marche de ses bataillons et d’inciter l’adversaire à porter les siens où on le souhaite, pour mieux attaquer sur d’autres points qui auraient été « couverts ». Villages fortifiés et redoutes sont alors les indices de ces avancées tactiques.

La Guerre de Succession d’Autriche (1742-1748) amène la France et l’Espagne à s’allier. Leurs troupes « combinées » sont communément appelées Gallispanes. Le Royaume de Sardaigne opte, contre le roi de France, pour le prétendant autrichien. Le Comté est de nouveau envahi. Les Gallispans s’assurent les routes de la Vésubie et de la Tinée afin de communiquer plus facilement avec la Provence alpine. Des redoutes sont établies sur les sommets, que la carte de la Vésubie produite à cette époque par un certain Gaëtti de Roquebillière, au service du roi de France, ne permet pas d’identifier avec précision[69]. Lionel Rézio précise qu’en 1744, 2 bataillons [Gallispans] s’installent « au plateau de Belvédère… 3 sont établis à Lantosque… au Sueil… 1 à la chapelle du Figaret »[70]. Les Piémontais sont à Peïra Cava. Repliés, ils laissent le champ libre aux Austro-Sardes qui s’installent massivement en Vésubie, obligeant les Gallispans à « établir des redoutes entre la Vésubie et Levens ». Mais les intempéries ruinent leurs chances de succès. Dès octobre 1747, le Maréchal de Bellisle fait installer 15 bataillons en Vésubie et tenir la Madone de Fenestres[71].

L’Authion joue pleinement son rôle de verrou d’accès au Piémont, sous la garde du Prince de Baden. Moris précise que « le régiment de Pignerol était porté au Raus. Le 1er bataillon de Montfort placé à Belvédère, auquel s’adjoignirent les 1 500 hommes du marquis d’Orméa commandés à Lantosque » et d’autres volontaires à Utelle et La Bollène… Entre le 20 et le 24 octobre 1748, les mouvements de troupes Gallispanes obligèrent à renforcer la défense sur l’Authion et le Raus afin de tenir la ligne jusqu’à Saorge[72]. L’hiver leur donna le temps d’améliorer les retranchements. Les Français avaient installé 4 bataillons depuis le Valdeblore jusqu’à Lantosque. Toute la Vésubie était tenue, de nombreux aménagements établis.

La toponymie de Lantosque pourrait rappeler l’un d’eux, au « col de la redoute »[73], entre Pélasque et Lantosque, à la Baisse de la Cerisière… une information à vérifier sur le terrain.

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Minutes de la carte des frontières au 1/14 400e, levée sous les ordres de Pierre de Bourcet entre 1764 et 1768, conservée au SHD de Vincennes. Détail de la région de Belvédère

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Extrait de la feuille n° 86 table 16 (Roquebillière) de la carte générale, Turin, 1865, ADAM 1Fi 1605

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AST – « Carte démostrative de la vallée de S. Martin, Comtée de Nice, et du cours de la Rivière dit Vesubia, depuis ces sources jusque à son emboucheure au Var, où son distingués toutes les vilages et amaux qui sont aux envrions, come aussi les retranchements et redoutes qui j’ai tracée au dessus de ces montagnes l’année 1742. La quele à l’honneur d’être presentée à S.M. par son très humble, très obéissent, et très fidèle sujet et serviteur Gaetti officier natif à Roccabiliere » (en légende : 7 : troupes ennemies)

Il en va de même de la redoute de Saint-Jean, au-dessus de Belvédère, qu’indique la carte relevée vers 1760, dans le programme cartographique de Bourcet (entre 1744 et 1748), sur une échelle d'environ 1/28 800e[74].

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Détail de carte au 10 000

Montrant le détail de la redoutee

Archives municipales de Belvédère

s.d. (av. 1926 ?)

En avril 1748, le comte d’Entremont tenait 6 bataillons sur l’Authion, où « il fit réparer les fortifications » antérieures. Le début des pourparlers de paix provoqua le rassemblement des troupes Gallispanes dont une partie importante des 75 bataillons du Maréchal de Bellisle se portèrent entre Lantosque et Lucéram. Le 27 juin, la suspension d’arme était effective. Ce n’est qu’au début janvier suivant que les vallées du comté furent rendues à leur souverain légitime.

Le dernier affrontement qui intéresse cette recherche est celui des guerres révolutionnaires. Bien mieux connu que les précédents, il suffit de rappeler les colonnes franches des Révolutionnaires et leurs déprédations, la fameuse « bataille de Belvédère », le rôle désormais incontournable du massif de l’Authion, celui, réitéré des milices communales, désormais identifiées aux Barbets[75], et de la longue occupation des vallées par les troupes françaises. Sur ce même massif sont installées de nombreuses redoutes, entre les sommets du cirque, la crête de part et d’autre du col de Raus, et le versant remontant jusqu’au Capelet Supérieur, aux portes de la Vallée des Merveilles. Les troupes françaises, cherchant à investir l’Authion en 1793, établissent concurremment les leurs sur le sommet et la crête du Tueïs[76]...

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Redoute « des Français » sur le sommet du Tueïs

Archivio di Corte / Carte topografiche e Disegni / Carte dell’archivio segreto / Aution 13 A Rosso

À partir du XVIIe siècle, il devient évident que le passage des troupes s’effectue avec plus de facilité dans la partie méridionale du comté, principalement dans la région de Sospel. Le Val de Lantosque est devenu un passage secondaire, qui doit néanmoins être tenu militairement, surveillé pour éviter toute surprise. Les fortifications éphémères – les redoutes et autres structures – se multiplient, reprises d’un affrontement à l’autre. Pour les populations locales, ces multiples alarmes provoquent un état de guerre quasi-permanent. Il n’est d’ailleurs pas une génération, sur les trois siècles qui ont précédé la Révolution, qui ne connaisse la guerre, ses angoisses, ses tensions, ses affres.

En résumé, reprenant la thématique proposée sur le temps long, il est fort probable qu’il a existé en Vésubie un réseau de « mottes castrales » antérieur ou concomitant à l’installation des premiers castra. Les premières sont sans doute l’émanation d’une forme de pouvoir limité, dilué dans un espace peu attractif. Les seconds ont tendance déjà à concentrer les pouvoirs entre les mains de familles plus dynamiques, opportunistes, mais restent pendant plusieurs décennies très fragiles. Ils ne sont pas alors forcément fortifiés. Beaucoup disparaissent au long du XIIème siècle et jusqu’au milieu du siècle suivant, à mesure que se discrimine leur domination territoriale.

La mi-XIIe siècle est le temps d’une première « grande guerre », avec l’intrusion des comtes de Provence, face à ceux de Vintimille et leurs alliés dans le Haut Pays… période qui appelle au renforcement des défenses villageoises et de celles du château, encore rare en Vésubie. Durant près de 80 ans, les affrontements sont sans cesse renouvelés.

A la suite de la Guerre de l’Union d’Aix, les châteaux sont devenus symboles de la nouvelle présence savoyarde. Ils ne survivent pourtant pas aux premières poussées de l’État en formation, ni à la fin tragique du dernier féal, le baron de Beuil. Désormais, les villages se défendent autant qu’ils le peuvent mais n’ont plus les moyens de résister à des troupes bien plus nombreuses et technologiquement plus avancées, canons, bombes et mines annulant le bénéfice de la muraille.

Les villages et leurs fortifications ne sont plus que des points d’appuis. La guerre s’est déplacée sur le terrain. Les redoutes fleurissent, sous les coups de pioches des « paysans locaux réquisitionnés » comme les mettent en scène les textes. Il conviendrait autant que possible d’en établir géographie et stratigraphie, sur une période de près de trois siècles d’affrontements…

Au final, entre 1814 et 1940, le Val de Lantosque a connu un temps long, historique, de paix, sans plus être parcouru par les différents belligérants. L’installation des forts, Seré de Rivière et Maginot, qui en sont le terme, répondent désormais à une toute autre logique.

En conclusion, je reprendrais les propositions de Benoît Cursente et Mireille Mousnier pour les faire nôtres : « Les espaces [défensifs] sont multiples, par leurs dimensions, leurs contenus, leurs fonctions, leurs typologies, les territoires tendent à se définir, par le nom, la limite, l’appropriation individuelle et/ou collective… marqué par les rythmes de la temporalité et les dynamiques de la spatialité ».

Une vaste étude de prospection-inventaire, s’appuyant sur un relevé systématique des informations bibliographique et d’un recollement d’archives devra prendre en compte les « disparités des champs de pertinence » utilisés[77]. Elle devra débuter par l’étude lexicologique des formes de défense : castrum, castellum, fortalicium, redoutes, gabions… car, le rappelle Benoit Cursente, « les mots simplement traduits [donnent une image d’une] simplicité trompeuse, car source d’ambiguïtés considérables »[78].

De plus, ces structures devront être « appréhendées comme des systèmes sociaux et spatiaux complexes », à contextualiser, par le récolement des sources documentaires, le recensement systématique des sites et de nombreuses analyses menées sur le terrain. Cette démarche devra mettre en évidence à la fois la pertinence de l’étude du territoire, la richesse du thème envisagé sur la longue période proposée, et dégager une gamme variée de problématiques concernant les sites défensifs de la Vésubie regardés dans leurs différents contextes. L’outil cartographique venant au secours de cette collecte d’informations, il pourra alors être proposé une approche dynamique de la « défense du Val de Lantosque ».

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Carte de la Vésubie selon plan d'assemblage du Cadastre « Napoléonien »

Localisation toponymique

Bleu : « castellar » et famille / Rouge : « saints » / Vert : défrichements

 

[1] Directeur du Centre d’Études Vésubiennes. Docteur en Histoire de l’Université de Nice Sophia Antipolis, chercheur associé au Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine (CMMC, EA 1193) chandolent@gmail.com

[2] CURSENTE Benoit « Synthèse. Eléments de conclusion », in Archéologie du Midi médiéval, Sup. n° 4, 2006, Résidences aristocratiques, résidences du pouvoir entre Loire et Pyrénées, Xe-XVe siècles. Recherches archéologiques récentes, 1987-2002, pp. 463-469

[3] CURSENTE Benoit – MOUSNIER Mireille « Territoires nouveaux, territoires complexes, territoires ouverts… », in Les territoires du médiéviste, PUR, 2005

[4] BOYER Jean-Paul « Administration d'une baillie provençale au temps du Roi Robert : le Val de Lantosque », in Recherches Régionales, 1983 « le Comté de Vintimille et le Val de Lantosque, face à des zones d'agitation permanente vers lesquelles s'exerce l'expansionnisme angevin, est une marche frontière ». « La marche frontière du CdV&VdL a été l’objet d’une sollicitude toute particulière de la part du pouvoir comtal, modèle accompli de l’administration locale ».

[5] BOUIRON Marc « Le comté de Vintimille sous les Angevins », in BLANC (F) (sous la Dir.) Sainte-Agnès et l’ancien compté de Vintimille, du Moyen Age à l’Époque Moderne, Acte du colloque de Menton, 17 novembre 2006, SAHM, 2008, pp. 131-181 « Profitant de la relative faiblesse des comtes de Vintimille, ils tentent d’étendre leur possession en acquérant une partie du territoire qui devient le Comté de Vintimille provençal, véritable marche frontière du Comté de Provence ».

[6] MOUTHON Daniel Mottes castrales en Provence, les origines de la fortification privée au Moyen Age, MSH, 2008

[7] CURSENTE Benoit – MOUSNIER Mireille 2005

[8] BOUIRON Marc (a) « Le comté de Vintimille sous les Angevins », in BLANC (F) (sous la Dir.) Sainte-Agnès et l’ancien compté de Vintimille, du Moyen Age à l’Epoque Moderne, Acte du colloque de Menton, 17 novembre 2006, SAHM, 2008, pp. 131-181

[9] CURSENTE Benoit 2002

[10] CURSENTE Benoit – MOUSNIER Mireille 2005

[11] BOYER Jean-Paul Hommes et Communautés dans le Haut Pays Niçois. La Vésubie, XIIIe-XVe siècle, SEM, 1990 « une évocation est faite du Val de Lantosque en 1141 ».

[12] BOUIRON Marc (b) « La baillie du Comté de Vintimille et Val de Lantosque en 1333-1334 », in PECOUT (Th) (sous la Dir.) L’enquête générale de Leopardo da Foligno en Provence Orientale (avril-juin 1333), Ed CTHS, 2008, pp. 527-586

[13] CAÏS de PIERLAS Eugène (voir bibliographie)

[14] MOUTON Daniel 2008

[15] LABORIE Yan « Le château des Albret à Labrit (Landes) », in Archéologie du Midi Médiéval, 2006, sup. 4, pp. 337-363

[16] MOUTON Daniel conférence du 11 août 2018

[17] POTEUR Jean-Claude « Le réseau castral du pays de Nice (Xe-XIIIe siècle) », in Recherches Régionales, n° 85, 1983

[18] POTEUR Jean-Claude « Des châteaux éphémères ? », in Archéam, n° 22, 2016, pp. 197-208

[19] GUILLOTEAU Eric « Le château et les fortifications de Lucéram au Moyen Age », in Archéam, n° 23, 2017, pp. 22-33

[20] POTEUR Jean-Claude 1983

[21] POTEUR Jean-Claude 2016

[22] BOYER Jean-Claude 1990

[23] BOYER Jean-Claude 1990

[24] POTEUR Jean-ClaudeLASCH Ch. L « Guillaumes et les donjons circulaires du Comte de Provence aux XIIIe et XVe s. », in Castrum Europe, 2002

[25] BURRI Sylvain « Essartage, culture temporaire et habitat en Basse-Provence entre Moyen Age et première modernité (XIIIe – XVIe siècles) », in Histoire et Sociétés Rurales, n° 46, 2e semestre 2016, pp. 31-68

[26] BOYER Jean-Claude 1990

[27] GILI Eric – LASSALLE Juliette « La Terre de Cour. Un territoire alpin contesté depuis 800 ans… Mise en perspective historique », in Patrimoines du Haut Pays, n° 16, 2016 / 2017, pp. 167-197

[28] BOUIRON Marc (a) 2008

[29] BOUIRON Marc (a) 2008

[30] BOTTON Charles - GABER Jean Histoire de Saorge et de Fontan, Ed. du Cabri, 2009

[31] Il s’agit de l’époux d’Eudoxie Lascaris, dont il relève le nom, issue d’un lignage impériale romain [entendez « Byzantin »] jugé à juste titre plus prestigieux. Ses descendants s’en prévalent désormais.

[32] ADAM E 013/075 3O 2 Construction d'une route Moulinet-Turini-La Bollène-Vésubie reliant les vallées de la Bévéra et de la Vésubie (1882-1883)

[33] BOUIRON Marc (b) 2008

[34] BOTTON Charles - GABER Jean 2009

[35] VENTURINI Alain « La Guerre de l’Union d’Aix (1383-1388) », in 1388, la dédition de Nice à la Savoie, Acte du Colloque international de Nice, 1988, pp. 35-88

[36] BOYER Jean-Paul 1990

[37] BOUIRON Marc (a) 2008

[38] GILI Éric « Mais où est donc le Belvédère médiéval ? », in Pays Vésubien, n° 1, 2000, pp. 101-109

[39] ADAM, Mazzo 16, fasc. 1 (2mi 61/1)

[40] ADAM, Mazzo 16, fasc. 2 (2mi 61/1), le 26 janvier 1495, sous l'obligation de désintéresser les héritiers de feu Marchiot de Grimaldi, ancien châtelain du lieu, s'il leur reste dû quelque somme. Il doit alors payer à Jean-Baptiste et à Jean-François de Grimaldi, frères, neveux et héritiers de Marchiot de Grimaldi, 700 florins au premier et 300 au second

[41] ADAM E 102/052, GG 3

[42] ADAM, Mazzo 16, fasc. 2 (2 mi 61/1), convention du 18 juillet 1506 avec Jean François Grimaldi, petit fils et héritier universel de Cosme Grimaldi

[43] BOTTON Charles - GABER Jean 2009

[44] RAIBERTI Lazare Saint-Martin et la Madone de Fenestres, Ed. Serre, 1983

[45] LASSALLE Juliette « Les communautés et les hommes de la Haute Roya dans la seconde moitié du XIe siècle : analyse des chartes de Tende et Saorge », in BLANC (F) (sous la Dir.) Sainte-Agnès et l’ancien compté de Vintimille, du Moyen Age à l’Epoque Moderne, Acte du colloque de Menton, 17 novembre 2006, SAHM, 2008, pp. 93-130

[46] RAIBERTI Lazare, 1983

[47] BOTTON Charles - GABER Jean, 2009

[48] CODOU Yann « Le paysage religieux et l’habitat rural en Provence de l’Antiquité tardive au XIIe s. », in Archéologie du Midi Médiéval, 2003, vol. 21, n° 1, pp. 33-69

[49] MOUTON Daniel La Moutte d’Allemagne-en-Provence. Un castrum précoce du Moyen Age Provence / - Paris : Errance ; Aix-en-Provence : Centre Camille Jullian, 2014

[50] POTEUR Jean-Claude 2016

[51] POTEUR Jean-Claude 2016

[52] CODOU Yann 2003

[53] RAIBERTI Lazare 1983

[54] d’après la chronique de Jean Badat, citée en introduction par BARELLI Hervé Raves, beurre et pissalat. Histoire du Congrès et du siège de Nice, de leurs antécédents et de leurs conséquences (1516-1579), Serre, 2008

[55] BOTTON Charles - GABER Jean 2009

[56] ADAM E 003/001 AA2

[57] DOMEREGO Jean-Pierre Sospel : L’histoire d’une communauté, Serre, 1980

[58] BARELLI Hervé 2008, parle « de 17 000 à 25 000 hommes, selon les sources »

[59] BARELLI Hervé 2008

[60] BOTTON Charles - GABER Jean 2009

[61] MUSSO Auguste, Félix et Jean Roquebillière, notes d’histoire, 2000

[62] RAIBERTI Lazare 1983

[63] DOMERGO Jean-Pierre 1980

[64] CHAUMET Pierre-Olivier Louis XIV, « Comte de Nice ». Étude politique et institutionnelle d’une annexion inaboutie (1691-1713), Serre, 2006

[65] REZIO Lionel 2016

[66] DOMERGO Jean-Pierre 1980

[67] REZIO Lionel 2016

[68] MUSSO Auguste, Félix et Jean 2000

[69] Document communiqué par GiamPierro LAIOLO, Archivio di Stato di Torino, « Vésubie avec tous les villages et hameaux, les retranchements et redoutes (1742)… pour S.M., par son très humble et très obéissant et très fidèle sujet et serviteur Gaetti, officier natif à Roquebillière »

[70] REZIO Lionel 2011

[71] MORIS Hervé Les Alpes et les Apennins durant la guerre de Succession d’Autriche (1742-1748), Paris-Turin, 1886

[72] Document communiqué par GiamPierro LAIOLO, Archivio di Stato di Torino, mazzo 370

[73] Carte d’État-Major italienne de 1865, foglio de la carte générale n° LXXXIII, table 21

[74] Informations communiquées par Jean Michel SIVIRINE. Cette fortification est intégrée dans l’avant-poste de la Ligne Maginot construit sur le même emplacement dans les années 1930

[75] IAFELICE Michel – REZIO Lionel Barbets du Haut Pays… Une résistance à l’occupation française à l’époque révolutionnaire, Ed. AMONT, 2012

[76] Document communiqué par GiamPierro LAIOLO, Archivio di Stato di Torino, « Perspective de la Redoute des Français sur le Tuesc vis à vis du camp de l’Aution »

[77] CURSENTE Benoit 2002

[78] CURSENTE Benoit – MOUSNIER Mireille 2005

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