Douaniers 1939-1945

Douaniers des Alpes-Maritimes face aux frontières
du temps de guerre (1939-1945)

Éric GILI
Professeur d’Histoire Géographie au Collège de la Vésubie
Chercheur associé au LARHRA (LAboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes) UMR 5190

Chandolent@gmail.com

 

il s'agit de la version avant publication de l'article dans l'attente d'une prochainement mis en ligne

 

INTRODUCTION : Être douaniers dans le Haut Pays niçois
Les douanes se sont installées dans la montagne niçoise dès l’entrée en vigueur du traité de Paris, en mars 1860. En quelques jours, l’Administration, installée sur la frontière du Var, se redéploie pour occuper les postes préparés face à la nouvelle frontière des Alpes. Ses agents s'intègrent rapidement au paysage social du territoire maralpin. La présence des fonctionnaires devient une permanence, représentant l’État au village . Car les Douaniers ont su se rendre utile au quotidien. Le métier demande certes une attention de tous les instants, mais aussi de lier proximité avec les villageois, sources de renseignements irremplaçables. Ils font également partie des agents de secours, des forces de protection civile grâce à leurs actions continues de terrain . 
Les exemples sont nombreux. C’est ainsi que nous les voyons agir, les 24 février 1939 , alors que la brigade de Saint-Sauveur se porte au secours d'un avion accidenté en montagne. Il s’agissait du Junker Ju 52/3mge « D Alus » allemand faisant le trajet entre l’Espagne et Berlin, via Gênes. Le détachement Douanier est chargé de constater l’accident. Il se rend au dessus de Roubion par le vallon de la Vionène, dirigés par le capitaine, sous une pluie battante et dans les bourrasques de neige, sans pouvoir localiser l'appareil. Ce n’est qu’une douzaine de jours plus tard, le 4 mars que l’avion est retrouvé par un détachement du 20e BCA, à Terme Ribi, entre Beuil et Roubion. 4 agents des Douanes s’y rendent après 5 h de marche dans la neige fraîche, atteignant 1 m 20 d'épaisseur par endroits. 10 victimes sont relevées. 2 préposés sont renvoyés à la résidence, qu’ils atteignent à 1 h 30 au matin du 5 mars pour rendre comptes. 2 autres étaient restés en poste et ne rentraient qu’à 19 h ce même jour, soit après 30 h de service dans le froid glacial de la haute montagne. Pour leur action, ces hommes recevaient 3 n° individuels d’encouragement pour avoir fait preuve d’endurance et de dévouement. Le premier détachement recevait pour sa part 2 n° d’individuels d’encouragement.
Là s’arrêtent les annotations du registre quotidien de la brigade de Saint-Sauveur, pour ne reprendre qu’en juin 1947.
A défaut de documentation directe, et pour retrouver l’action des Douaniers dans cette proche région frontalière, il nous faut recourir aux échanges administratifs entre les Capitaineries locales et la Direction régionale basée à Nice. 
Cette Direction est chargée d'une vaste zone partant de la zone côtière des Bouches-du-Rhône (Bandol) jusqu’à la frontière italienne (Menton), puis couvrant cette même frontière pour les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence (dénommées à l’époque Basses Alpes) et des Hautes-Alpes.
Seules les brigades montagnardes, et principalement celles de l’ancien Comté de Nice, serviront à la démonstration des relations particulières entretenues par les Douaniers et la « frontière de guerre ». À titre d’exemples, certaines digressions seront proposées vers d’autres zones intéressant la Direction régionale de Nice. 
Ce sont ces multiples relations, bouleversées par les fréquents changements d’autorités - civiles ou militaires, française, italienne, allemande, puis de nouveau française - qui serviront à interroger comment les Douaniers ont tenté de maintenir le service de surveillance auquel ils sont astreints ; et quelles conséquences ces bouleversements ont eu sur leur quotidien. 

Face à la Guerre, la frontière dangereuse
Prémices d’un affrontement, pressions sur la frontière
Temps de guerre… sur un front calme
Le « coup de poignard » dans le dos


Face aux Occupants : la dissolution des frontières
Des incursions récurrentes pour tester les réactions françaises
Et quelques incidents graves… 
L’Occupation italienne
Les conditions de l’Occupation italienne
Contrôler les sujet de l’Axe
Le problème des laissez-passer 
L’Occupation allemande
Des relations qui se tendent


Un lent retour à la normalité ? la frontière-front
Une frontière interdite par le front 
L’action de Libération des Douaniers 
Une délicate reprise du service
La Roya, une frontière au cœur du conflit
Retours de déportation
Et le retour au « service normal »
Par la case Épuration


CONCLUSION : Une même frontière ?
Que conclure de ces multiples mouvements de frontière entre 1939 et 1945 ? 
Avant septembre 1939, la frontière, certes, fragilisée, ne connaît pas de modification des activités de surveillance. Les contrôles et arrestations de contrevenants ont régulièrement lieu... même si l’on sent une pression supplémentaire de la part des autorités italiennes. 
Jusqu’en juin 1940, les douaniers sont placés sous l'autorités des militaires. Lors du déclenchement de la guerre, ils sont parmi les derniers à partir, à être repliés.
Conséquemment, ils sont, en juillet, les premiers, avec les Gendarmes, à revenir sur la frontière-front pour y assurer autant que faire se peut leur service. Ils représentent alors l’une des rares forces d’État encore présente.  
De juillet à octobre 1940, ils subissent directement une importante pression le long de la ligne verte. Ils doivent faire face à de multiples transgressions, sinon quotidienne, du moins très régulières destinées à tester, à relever la présence de l'adversaire, à intimider... non sans arrière pensée politique. 
De novembre 1940 à novembre 1942, la frontière ténue n’est conservée que par la seule présence de l'Administration (Douanes) qui fait preuve d’une volonté farouche à défendre les prérogatives régaliennes face aux revendications fascistes incessantes. 
L’Occupation italienne (11 novembre 1942 – 9 septembre 1943) entretient une tension permanente. Mais malgré la présence des troupes, la Douane cherche à préserver un semblant de présence d'État.
Un profond changement a lieu à partir de septembre 1943 et jusqu’à la Libération d’août 1944. La frontière est rapidement revenue à la « ligne verte ». La Douane n’entretient que peu de relations avec l'Occupant. Un autre type de tensions, désormais permanente, et d’une toute autre violence (arrestations, déportations, exécutions) touche un service encore plus en danger.
Après le débarquement en Provence, en août-septembre 1944, la Douane entre massivement dans la Résistance. Elle participe à la Libération en usant de ses qualités (connaissance du terrain, hiérarchisée et organisée…), mais dans un même temps, la frontière qui devient fluctuante au gré des affrontements. Et incomparablement plus dangereuse, véritable front-ouvert, rendant tout « service » impossible.
De fait, à partir d’octobre 1944, ce « service » est repoussé à l'arrière de la ligne de front.
La libération définitive du territoire français, avec l’offensive sur L’Authion entre avril et mai 1945, permet au « service » de progresser à mesure de l’avancée du front. La Douane se réinstalle, avec quelques tentatives d'outrepasser l'ancienne frontière (comme à La Brigue), avant de revenir à la ligne 1939 jusqu'au Traité de Paris et l'installation de la nouvelle frontière en 1947. Cette dernière transformation oblige à porter en avant les postes des Douanes, sur Tende, dans la Gordolasque, le vallon de Fenestres et celui du Boréon, au pied du col de la Lombarde…  pour un retour à la normale dans une situation anormale de restrictions.
L’histoire de la Douane face aux frontières du temps de guerre a répondu, sur le front italien, à une chronologie particulière, caractérisée par des temps courts provoquant de multiples fluctuations d'une ligne plus que jamais artificielle, destinée à durer un demi siècle encore...


Bibliographie de l’auteur sur le sujet
GILI E. « Douanes et contrebandiers dans la presse des Alpes-Maritimes », in Frontières, Musée de l’Histoire de l’Immigration, 2015, pp. 126-129
GILI E. « ‘L’homme-frontière’. Le douanier dans les montagnes des Alpes-Maritimes (1860-1980) », in Migrations Société, vol. 24, n° 140, mars-avril 2012, pp. 165-178
GILI E. « En deçà de la frontière : les douaniers et la surveillance au quotidien », in Actes du Colloque International de Puget-Théniers, HistoireS de Frontières , 2010
GILI E. « Jean-François FERRIER, douanier à Roquebillière », in Lou Sourgentin, n° 180, février 2008, pp. 26-27
GILI E. « Histoire des douaniers dans le Haut Pays Niçois », in Lou Sourgentin, n° 180, février 2008, pp. 18-21, 27
DEPUIDT E. & GILI E. « Douane et douaniers dans le Haut Pays Niçois : 1860-1940 », in Patrimoines du Haut Pays n° 8, 2007 pp. 54-103

Annexe 1
ADAM 0284W 0027 
2 juillet 1940 au 7 septembre 1940, livre des manquements 
constaté à la charge des Italiens à la limite de la zone occupée

2 juillet 1940, Bgd de Molines (HA), 16 soldats du 4e Alpin de Forteresse dont 2 officiers ont pénétré à St Véran (HA). Ils ont déclaré qu’ils s’étaient égarés. Il ont été refoulés.
4 juillet 1940, Bgd de Plampinet (HA), 3 soldats italiens ont franchi la ligne de démarcation et ont été refoulés.
5 juillet 1940, Bgd de Plampinet (HA), 2 soldats italiens ont franchi la ligne de démarcation. Ils ont été refoulés.
(7) juillet 1940, Bgd de Plampinet (HA), 3 soldats italiens ont franchi la ligne de démarcation. Ils ont été refoulés.
(9) juillet 1940, Bgd de Castellar (AM), le service a rencontré à proximité de la caserne de Castellar une troupe italienne comprenant 2 s/LTT, 10 hommes, 10 mulets chargés. Les officiers déclarèrent transporter sur le territoire de Menton du matériel militaire provenant des ouvrages militaires du Pilon. Nos agents constatèrent qu’ils s’agissait en réalité de : 
2 bidons de vin de 50 l chaque ; 1 bidon de pétrole vide aux ¾ ; 4 caisses de biscuits secs de guerre ; 1 caisse de sucre ; 1 caisse de boites de sardines ; 2 caisses de boites de viande ; 1 caisse de café.
Ces produits ont été déchargés et entreposés au poste de Gendarmerie de Castellar.
11 juillet 1940, Bgd de Cervière (HA), 28 soldats italiens ont franchi la ligne de démarcation. Ils ont été refoulés.
13 juillet 1940, Bgd de Serennes (BA), 13 soldats italiens ont franchi la ligne de démarcation. Ils ont été refoulés.
15 juillet 1940, Bgd de Castillon (AM), au lieu dit Pierre Pointue, où se trouve un fortin, le service a trouvé 3 soldats italiens qui étaient occupés à fureter dans un hangar attenant à l’ouvrage. Ceux-ci ont prétendu qu’ils recherchaient les obus non éclatés et les cadavres pouvant se trouver dans les lieux.
23 juillet 1940, Bgd de St-Sauveur (AM), un groupe de soldats italiens est venu jusqu’à Saint-Sauveur et a été refoulé sans incident par la Gendarmerie.
1er août 1940, Bgd de Larche (BA), Sur un chemin dit « Le chemin des Vaches », à un point situé à 400 m en deçà de la frontière, le PPS CRESPO, qui exécutait un service prescrit, a été mis en joue par 3 militaires italilens qui lui interdirent le passage. Le service alerta le CDT de la place de Larche et le poste italien situé à « la Banière » de Larche. Les 3 militaires sus-visés, ne furent plus retrouvés sur les lieux de l’incident.
7 août 1940, Bgd de Castillon (AM), les agents des Douanes de service ont aperçu une camionnette qui venait de Menton et amène le ravitaillement des soldats italiens travaillant à la réparation de la route, s’arrêté avant d’arriver au cantonnement militaire. Un soldat en descendit et déchargea un colis qu’il plaça dans des buissons et reprit son chemin. Les PPS de service allèrent reconnaître l’objet. Il s’agissait d’un sac en toile de jute contenant :
3 paires de draps de lit usagés marqués EP et 2 coupons de toile neuve de 6 m sur 2 m provenant vraisemblablement . Le servide des Douanes s’enquit auprès du chef du détachement italien qui déclara que ces objets n’étaient pas destinés à ses hommes. Le chauffeur de la voiture (DAVACCI, SGT du 5e Bqat de Génie) prétendit que les marchandises étaient sur sa voiture au départ de Menton et qu’il s’en était défait de peur d’être compromis. La Commission d’Armistice a été saisie de l’affaire.
27 août 1940, Bgd de Brouis (AM), un groupe composé de 4 officiers et de 4 soldats italiens a été arrêté au lieu dit « Les 2 Frères » situé à environ 200 m au nord du col Terminé. Ces militaires n’avaient aucune arme apparente. Ils ont été refoulés sans incident.
27 août 1940, Bgd de Nice Port, le vapeur postal « GAL Bonaparte » venant de Corse arrivait en vue de Nice à 5 h 40. Le service des Douanes, conformément aux accords intervenus avec la délégation italienne qui loge à l’Hôtel xxx faisait présenté cette délégation. À cet effet, vers 5 h 45, le SBD de service téléphonait à l’hôtel précité. À 6 h 10, un agent était envoyé à l’Hôtel. À 7 h 30, la délégation tardant à venir, il lui fut téléphoné de nouveau. Les militaires italiens arrivèrent ves 7 h 50. Le navire ayant accosté à 6 h 40 environ, il en est résulté un retard regrettable. 
3 septembre 1940, Bgd de Nice Port, avant le départ du vapeur « GAL Bonarparte » la commission de contrôle italienne est montée à bord à 17 h 30. Elle a compulsé la liste des passager, s’en est fait amener un, le sieur ROCCA, sujet français qui était en état d’arrestation et était escorté par un Gendarme français. Le délinquant avait été condamné pour propagande politique. Elle a procédé à l’interrogatoire de cet individu. Le délégué de l’Amirauté française a été au courant de l’incident.
3 septembre 1940, Bgd de Carnolès (AM), 2 chalutiers ont pénétré dans les eaux territoriales française à proximité du Cap Martin et se sont livrés à la pêche.
8 septembre 1940, Bgd de Nice-Port, la tartane française « Clairette » venant à Toulon est arrivée à l’entrée du port à 0 h 45. Avisé de cette arrivée, la Commission italienne a fait connaître qu’elle ne monterait pas à bord avant 6 h 30. En raison des consignes données par ladite commission, l’équipage a été retenu à son bord.
5 septembre 1940, Bgd de Carnolès Cap Martin, les 2 chalutiers signalés le 3 septembre sont venus à nouveau pêcher dans les eaux territoriales françaises au large du Cap Martin.  

Annexe 2
Registre de la brigade de Roquebillière
Archives de la Direction régionale de Nice

9 juin 1947, Giovanni Monacio de Bovès intercepté avec 700 lires importées frauduleusement.
9 juin 1947, 2 interpellations à La Courbaisse par le Brigadier Ciais et le préposé Musso, 2 italiens clandestins porteurs respectivement de 3 400 lires et det 1 500 frs.
17 juin 1947, 3 préposés arrêtent dans le vallon de la Gordolasque à Belvédère 1 jeune homme italien de 20 ans clandestin.
21 juin 1947, dans le vallon de la Gordolasque à Belvédère, le brigadier Ciais et 4 préposés arrêtent Jules Gasiglia de Belvédère et son mulet porteur de 6 500 papiers à cigarette, mené au Bureau de0 Plan-du-Var pour transiger, amende de 10 600 frs pour la marchandise et de 50 000 frs pour le passage illicite.
28 juin 1947, arrestation par 1 préposé d’un clandestin Sarde porteur de 2 400 frs cachés dans ses vêtements. Remis à la Gendarmerie après avoir transigé. 
10 juin 1947, 2 préposés arrêtent Jean Giordan de Belvédère qui se dirigeait vers l’étranger porteur d’un volumineux sac tyrolien chargé de 2 800 papiers à cigarette frauduleux, transigeant pour 12 800 frs puis relâché. 
12 juin 1947, le brigadier Ciais et 7 préposés (dont pépé) ont interpellé Jean Giordan de Belvédère, Rossi et Mac Farlane chacun porteur de 2 000 cahiers de papier à cigarette qu’ils voulaient exporter, transigeant pour 20 000 frs d’amende, l’abandon des marchandises et le paiement des frais avant d’être remis en liberté. 
15 juillet 1947, le brigadier Ciais et 6 préposés saisissent sur Félix Bagnus (41 kg de beurre frais), Bois (74 kg de fromage), Louis Lambert (23 kg de beurre), tous de Belvédère, et André Franco de Nice (14 kg de beurre). PV pour « circulation de denrées contingentées sans titre de transport ». Saisie de la marchandise, amende et frais.
24 juillet 1947, le brigadier Ciais et 2 préposés interpellaient sur la route nationale 2 clandestins dont l’un porteur de 4 500 lires, abandon des devises  et frais. Remis à la Gendarmerie.
1er août 1947, le brigadier Ciais et 2 préposés, accompagnés de l’Inspecteur Principal Nice-Est et du Lieutenant pour visite domiciliaire à Isola, à l’Hôtel de France où sont découvert 17 litres d’absinthe, 3 kg de café, avec abandon des denrées et les frais. Puis à l’Hôtel Touring où sont trouvés 2 kg de poix (3 avaient été consommés), abandon de marchandise et 1 000 frs d’amende et frais.
3 août 1947, le brigadier Ciais et 5 préposés « exécutant un service de longue durée dans le secteur de Turini-l’Authion et Gordolasque » arrêtent 2 clandestins, refoulés.
7 août 1947, arrestation d’1 clandestin italien par le brigadier Ciais et 5 préposés, installés « en service de longue durée dans les secteurs Ferrisson », refoulé. 
13 août 1947, le brigadier Ciais et 6 préposés, assistés des lieutenants de Plan-du-Var et de St-Martin-Vésubie procède à des visites domiciliaires à l’Hôtel Terminus où sont trouvés 100 cigarettes américaines, pour 1 000 frs d’amende ; dans l’épicerie de Mme Rovère où sont trouvés 3,5 kg de clous, 3 kg de café, 3 kg de riz étrangers pour une amende de 6 500 frs et une transaction de 6 500 frs pour exportation de capitaux ; au domicile de Paul Ciais où sont trouvés 5 kg de riz, 3 kg de corde, 5,5 kg de clous, 1 kg de café vert, 1 kg de bougie, 3 kg de conserves alimentaires, 1 coupe de draps, 250 cartouches de guerre, « il a en outre jeté par la fenêtre 20 kg de riz ». Transaction de 13 540 frs plus les frais, transaction de 7 840 frs pour exportation de capitaux ; au domicile de François Mottet où est trouvée une machine à fabriquer les pâtes et 3,5 kg de clous étrangers, amende de 10 000 frs et astreinte de 10 000 frs pour exportation de capitaux, représentant la valeur des objets saisis.
22 août 1947, le brigadier Ciais et 3 préposés, en présence du lieutenant de subdivision, ont assuré une visite domiciliaire chez un épicier de St Martin-du-Var où ont été trouvés 60 kg de riz, abandon de la marchandise et 500 frs d’amende pour 10 kg de riz qu’il a déclaré avoir déjà vendu, et 7 000 frs pour exportation de capitaux pour la valeur du riz acheté [100 frs le kg], dénonçant son fournisseur de Baou-Rous.
23 août 1947, arrestation par un préposé d’1 clandestin soumis à la visite sans marchandise ni devise étrangère, remis à la Gendarmerie. 
27 août 1947, 2 préposés arrêtent 1 clandestin dans le secteur de la Gare de la Tinée, « qui tentait de s’enfuir », porteur de 600 lires, abandon et frais, remis à la Gendarmerie. 
7 septembre 1947, un préposé arrête 4 clandestins porteur au total de 1 000 lires, 1 000 frs et un coupon d’étoffe de 3 m et de 11 mouchoirs,  abandon des devises et marchandises, remise à la Gendarmerie.
9 septembre 1947, arrestation d’un habitant de Pont-de-Clans porteur de 430 lires.
13 septembre 1947,  arrestation d’1 clandestin dans le car de la vallée de la Vésubie, porteur de 5 000 frs et 500 lires.
19 septembre 1947, un préposé arrête à l’arrêt d’autobus un italien demeurant à Pont-de-Clans porteur de 700 lires.
1er octobre 1947, un Utellois (de Figaret) demeurant à Roquebillière arrêté avec 40 kg de blé de sa campagne.
6 octobre 1947, deux préposés à la Gare de la Tinée arrêtent 2 ressortissants italiens en règle porteurs de 3 750 lires et 25 frs Suisses, abandon des devises et amende de 2 000 frs et frais.
7 octobre 1947, 3 préposés arrêtent un italien d’Entraque en règle à l’arrêt des autobus avec 246 lires, abandon des devises.
10 octobre 1947, le Lieutenant et 1 préposé ont interpellé un italien de Lamon, en règle, « avec dans sa valise du tabac de monopole qu’il voulait exporter en Italie », transige, abandonne la marchandise, amende et frais.
11 octobre 1947, 3 préposés à Pont-de-Clans arrêtent 5 individus en règle, un Européen de Constantine avec 7 050 marks allemands ; 4 Italiens dont 3 nés à Venise, porteurs respectivement de 5 millions de drachmes grecques, de 2 550 lires, 1 000 lires et 1 150 lires. Abandon des sommes, frais.
12 octobre 1947, deux préposés arrêtent à Roussillon un italien portant 2 900 lires.
13 octobre 1947, deux préposés à la gare d’autobus visitant le car de la Tinée arrêtent un italien porteur de 2 500 lires et 1 000 frs. 
[à titre de comparaison, un Préposé de 2e classe touche une solde de 51 000 frs par an, soit 4 250 frs par mois]
14 octobre 1947, deux préposés à l’arrêt des cars interpellent 1 Sarde clandestin porteur de 1 000 frs.
15 octobre 1947, trois préposés surveillant la route de la Tinée ont arrêté 1 italien avec 100 cigarettes américaines ; 1 italien (à 6 h 30) porteur de 2 400 lires ; (à 7 h) en aval de Roussillon 1 italien porteur de 1 300 lires ; (à 10 h) 1 italien clandestin remis à la Gendarmerie ; (à 14 h 30) 1 italien porteur d’un appareil photographique avec paiement d’une amende de 1 000 frs ; (16 h) 1 italien porteur de 1 600 lires ; abandon des devises et des marchandises.
16 octobre 1947, deux préposés « en surveillance dans la localité » (à 8 h) 1 italien porteur de 374 lires ; au car de la Tinée 1 italien porteur de 100 cartouches de chasse vide, d’une scie « en acier italien » et 1 350 lires « importées frauduleusement », abandon, amende de 1 500 frs et frais ; (à 8 h 30), 2 italiens porteurs de 1 300 frs « importé frauduleusement par la montagne ». Abandon des devises, frais, pas de papier remis à la Gendarmerie.
16 octobre 1947, deux préposés à l’arrêt d’autobus ont interpellé 1 italien clandestin, remis à la Gendarmerie « déclare avoir franchi la frontière en compagnie d’un camarade », que les douaniers ont poursuivi et interpellé porteur de 300 lires. Tous les deux en règle.
18 octobre 1947, deux préposés à l’arrêt des cars (à 17 h) visitent une camionnette et découvrent 42 kg de farine appartenant à Mme Louise Ciais de Belvédère domiciliée à Vence, « circulant sans titre de mouvement », saisie de la marchandise et PV.
19 octobre 1947, un préposé à la Gare de la Tinée a arrêté 2 Autrichiens « ayant franchi clandestinement la frontière à Valdeblore », porteurs de 159 schillings autrichiens, abandon des devises et remis à la Gendarmerie.
20 octobre 1947, le brigadier Ciais et 2 préposés visitant des véhicules ont saisis 400 lires d’un bûcherons de Bairols ; 1 200 lires d’un habitant de Baous-Rous abandon des marchandises et amende de 1 000 frs et frais.
21 octobre 1947, le brigadier Ciais et deux préposés à Roussillon dans le car de la Tinée ont arrêté 2 Italiens clandestins porteurs de 6 000 frs « importés d’Italie », abandon des devises et frais, remis à la Gendarmerie.
29 octobre 1947, un préposé arrête 1 clandestin lors de la « visite des cars », porteur de 150 lires et de 2 caleçons et 1 coupon de tissu, remis à la Gendarmerie.
29 octobre 1947, un préposé en surveillance à l’arrêt des cars (à 17 h) arrête un habitant de La Tour porteur d’un accordéon italien, « démuni d’acquit de droits, déclare avoir acheté l’accordéon à un italien », transaction de 5 000 frs et droits.
14 novembre 1947,le brigadier Ciais et deux préposés à Roussillon, à Pont-de-Clais ont arrêté le cafetier porteur d’un accordéon italien appartenant à son fils. Celui-ci « fit quelques difficultés et après son interpellation déclare que l’accordéon était de marque italienne et qu’il avait acheté à un individu qui avait besoin d’argent ». Transaction de 8 000 fcs, frais et droits de douanes.
20 novembre 1947, le brigadier Ciais et deux préposés, en visite domiciliaire à Isola ont découvert 2 couvertures américaines, 1 compte tours américain, 1 coutelas américain, 150 cartouches de guerre Mauser, 12 kg de riz frauduleux d’Italie conduisant à l’abandon des marchandises, une amende de 5 300 frs et frais et 600 frs valeur du riz pour exportation de capitaux ; deuxième visite trouve 2 coupons de tissus frauduleux d’Italie, abandon des marchandises et amende de 2 000 frs et frais ; troisième visite où est trouvé un pistolet italien Beretta, 75 kg de farine blanche, un rouleau de 8 kg de cuir, transaction de 1 000 frs, abandon du pistolet, et PV.
27 novembre 1947, le brigadier Ciais et deux préposés à Isola enquête sur la visite précédente sur la première visite, les 50 kg de riz importés frauduleusement d’Italie.
14 décembre 1947, le brigadier-chef Lebrun et deux préposés en service sur la route ont arrêté la circulation d’une camionnette de l’administrateur des Hôtels d’Auron transportant 224 bouteilles de vin sans pièce de régie pour une valeur de 13 388 frs, la camionnette mise à la fourrière. PV.
16 décembre 1947, le brigadier-chef Lebrun et trois préposés dans le secteur d’Auron ont effectué une visite domiciliaire trouvant 1 bonbonne de 5 l de pastis sans droit ; une deuxième visite chez un commerçant pour 1.250 kg de cigarettes anglaises, 320 cartouches de mitraillette US, une mitraillette US avec 2 chargeurs et 1 appareil photo belge, le propriétaire avouant avoir vendu 500 g de cigarettes. Transaction par abandon des marchandises, amende de 30 000 frs et frais ; visite de la malle du car de la Tinée où sont trouvés 40 kg de farine de froment sans pièce de régie, saisie de la farine et PV ; troisième visite à l’Hôtel La Chemine saisie d’un pistolet automatique étranger, saisie et transaction.
26 décembre 1947, un préposé à l’arrêt des autobus interpelle un individu en règle avec un sac tyrolien porteur de 6 kg de fromage gras et 20 cartouches de chasse importés frauduleusement d’Italie. Transaction, abandon de la marchandise et 6 100 frs d’amende.
27 décembre 1947, le brigadier-chef Lebrun et 4 préposés lors d’une visite domiciliaire ont découvert un pistolet US et 30 cartouches, transaction, 10 000 frs d’amende et saisie du pistolet.
31 décembre 1947, le brigadier-chef Lebrun et un préposé enquêtant sur une dame de Beuil ont saisi 4 kg de café, 14 kg de riz (dont 12 échappés et 2 saisis), frauduleux d’Italie. Amende d’astreinte de 600 frs pour le riz échappé, 1 400 frs pour le riz saisi, 1 225 frs pour 5 kg de café échappé ; 4 420 frs d’amende : total, 7 735 frs et les frais. PV pour 3 litres de pastis saisis et 13 litres échappés.

Suit 1948…..
18 novembre 1948, le brigadier Ciais et 3 préposés en surveillance à St Martin Vésubie « ont recueilli divers renseignements qui donnèrent lieu à deux visites domiciliaires »
à l’Hôtel des Étrangers tenu par Mme veuve Garin, découvert 10 kg de riz et une ceinture de fraudeur contenant 59 tubes de pièces à briquet. Abandon des marchandises, 700 frs d’amende pour les pièces à briquet, 2 000 frs d’amende pour le riz.
Chez l’épicier Ghetti, découvert 40 kg de riz « acheté à des Italiens dans la vallée du Boréon », 8 000 frs d’amende (deux fois la valeur du riz) « ce dernier étant connu pour se livrer à ce trafic. Saisi de la marchandise.

 

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